Quand Mozart tient salon
Une ambiance feutrée et chaleureuse
impulsée par l'association «Découvrir».
(Photo DNA - Gérard Andlauer)
Intime et sobre, la salle du
Freihof se prêtait parfaitement ce dimanche au répertoire de Mozart. Prise de son côté salon !
Septembre 1788, Vienne. Mozart « danse devant le buffet », au propre comme au figuré. Par gratitude envers Michael Puchberg, ami qui l'aide de ses subsides, Wolfgang compose et lui dédicace son Divertimento en mi bémol majeur, K. 563.
Il s'agit d'une succession de danses en six parties; le genre se veut léger et débonnaire. Mais, sous la plume du futur auteur du « Requiem », il devient une oeuvre de vastes proportions, en six parties, où la gravité s'installe au détour de chaque sourire. C'était là tout le programme du concert qui réunissait le violoniste Julien Eberhardt, l'altiste Harold Hirtz et le violoncelliste Nicolas Hugon, dans la charmante et désuète salle du
Freihof à Wangen, ce dimanche.
Un salon de musique, en quelque sorte, remémoré à l'invitation de l'association « Découvrir », présidée par Gesina Deserbais, dans une ambiance feutrée et chaleureuse. La musique du maître y trouvait un lieu privilégié pour s'épanouir et la proximité d'un public fidèle et attentif, sans aucun truchement, ouvrait aux musiciens une voie royale vers les coeurs, émus par la tendre mélancolie qui sourd de cette oeuvre magistrale.
Sans doute croit-on connaître Mozart et toujours, pourtant, on le redécouvre... Grâce soit rendue aux artistes dont chaque interprétation ranime ce corps immatériel qui gît secrètement au sein des portées comme autant de taches d'encre muettes pour le profane.
Le savoir de l'instrumentiste en révèle et transporte l'émotion intime vers un auditoire qui demeure le premier témoin de ce geste unique, réinventé à l'instant où l'archet effleure la corde. Moment, aérien, suspendu, cadeau inestimable, privilège absolu, absolument accessible à chacun.
L.D.
DNA du 13 janvier 2009